Festival En temps réel 2e édition

Edito

Après une première édition en 2022, le festival En temps réel s’installe en biennale et au mois de juin. La construction de cette programmation résulte pour une grande partie d’un appel à formes documentaires qui a permis d’ouvrir et d’embrasser le plus de propositions et de diversité possible. Cette ambition d’explorer les nouvelles formes documentaires ne peut être envisagée que comme un horizon, un déplacement, une interrogation permanente, des remises en questions des dogmes et convictions qui structurent nos approches et regards. Ce sont les raisons pour lesquelles les films, les œuvres, les documentaires sonores sélectionnés sont très hétérogènes et qu’il serait artificiel de tirer un fil rouge éditorial fort. De tous ces visionnages et de la composition de cet ensemble se dégage pourtant une interrogation persistante autour des corps; des corps mis à l’épreuve des menstruations, soumis au traitement contre le VIH, façonnés en salle de sport, confrontés à la guerre en Ukraine et en Palestine, cloîtrés dans l’espace domestique, faisant face au racisme ou aux violences sexuelles, projetés dans des avatars et des espaces virtuels… si les échelles sont inégales et les problématiques incomparables, ce sujet commun les rassemble ici circonstanciellement afin de nous questionner durant ces trois jours de projections et d’écoutes collectives. Intriquées, indissociables et non seulement vectrices ou simples outils, les formes sont également riches et diverses: des films sur téléphone, un Vlog, un champs-contre-champs simultané, des modélisations d’espaces comme démarches archéologiques, des incursions dans des jeux vidéos, des montages innovants de matériaux audiovisuels divers existants, usant de détournements, des archivages sur intagram, sont autant de propositions qui paraissent entrer en résonance avec l’envie d’élaborer un panel de documentaires singuliers et partageables avec des spectateurices cette année.

Le festival est en outre fier de reconduire son partenariat avec le festival international du film d'Amiens (FIFAM) autour d’une démarche esthétique et formelle qui nous rassemble, et tout autant d’en tisser un nouveau avec la revue critique de cinéma en ligne engagée et souvent à l’avant-garde Débordements sous la forme d’une carte blanche.

Pour la suite du festival, il paraissait enfin indispensable et important de proposer plusieurs séances à destination des publics scolaires pour partager des formes sensibles, participer à l’éducation si primordiale aux images, et par-dessus tout ouvrir un espace de dialogue pour écouter ce qu’elleux auraient à en/nous dire.

Joffrey Speno,
Directeur artistique